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Surtout des étoiles

3 août 2006

Simplicité L'énorme bateau a fait du bruit dans

Simplicité

L'énorme bateau a fait du bruit dans les grandes cheminées. Maman n'a pas pleuré sur le quai. Papa n'y a même pas été. D'ailleurs je ne me souviens plus de papa, ce qui est rare, j'ai une excellente mémoire habituellement. Maman n'a jamais voulu m'en parler. Mais maman n'a jamais très envie de me parler. Elle croit que je ne comprend rien, alors elle me parle comme si j'avais deux ans. Ce qui fait que je comprend encore moins.

Je n'aime pas maman. De toute façon, elle fait du cinéma, alors je la vois pas souvent. Et quand elle est là, entourée de ses amis, perdue dans un nuage de fumée opaque qui sent le vomis et le whisky, elle me chasse du pied en disant que je lui fais honte. Si j'avais un papa, il me prendrait dans ses bras et il me consolerait. Il me raconterait des histoires et m'aiderait à colorier les bords. Je dépasse beaucoup, mais je m'applique, j'essaye. J'ai des tas de livres de coloriages, surtout des animaux. Mais je n'aime pas le rouge, il me fait penser à maman dans ses grandes robes décolletées. Heureusement je n'ai pas à l'utiliser beaucoup. Sinon je met du vert.

Le bateau fait des remous, un peu. Il y a d'autres gens à bord, je les entend au dessus, et un peu en dessous. Il y a des personnes qui courent, d'autres qui crient. Moi je suis enfermée dans une cabine. Je n'aime pas trop les gens, ils me font peur. Alors je préfère colorier. Je ne fais que ça. Des fois j'essaye de dessiner, mais je n'y arrive pas, et je m'énerve. Après mon cahier est tout déchiré, alors je le fais pas trop, parce que je suis triste quand je ne colorie pas. Les gens sont gris.

Sur le bateau, les gens crient et courent de plus belle. Je pense que c'est un jeu, mais il y en a qui pleurent. Je range soigneusement mon cahier de coloriages dans mon sac à dos, pour pas qu'on me le vole - je serais vraiment très triste - et j'ouvre lentement ma porte. Normalement je n'ai pas le droit de sortir. Quand je sors, de grandes vagues noires viennent s'écraser avec un gros bruit sur les passagers. L'eau, elle est noire. Elle ne devrait pas être noire. Moi je la colorie toujours d'un beau bleu nuit. Parce que l'océan, c'est comme le ciel la nuit. Une femme s'arrête près de moi et me crie " Va te mettre à l'abri petit ! Le bateau est en train de couler !". Je ne bouge pas.

Je dois aller au centre pour enfants autistes, c'est ce que maman m'a dit juste avant que je parte : " Théodore, tu va te rendre dans un centre pour enfants autistes et on va bien s'occuper de toi là bas, tu verras. " Elle m'a collé un gros bisou baveux sur le front puis a sortit un petit miroir et un rouge à lèvres. " Bon j'ai un rendez vous, je dois aller faire des courses, ne fais pas de bêtises Théo, d'accord ?". Elle n'attendit pas une réponse. Lorsque j'ai agité la main pour lui dire au revoir, c'est son dos qui accusa réception.

J'aime beaucoup repenser au passé. Parfois des heures. J'en oublie complètement le présent. Maman dit que c'est des passages à vide. Une fois, je suis resté dans un passage à vide pendant deux jours. J'aime bien le passé, j'arrive à me souvenir d'une foule de détails et ça doit vouloir dire que j'ai une très bonne mémoire. Ca me procure beaucoup de satisfaction d'en savoir plus que maman sur le passé. Elle est très tête en l'air. Une fois, elle avait oublié de me faire à manger pendant une semaine toute entière. Ca n'avait pas d'importance, je n'aime pas manger. Je lui ai pardonné bien sûr, ça arrive à tout le monde d'avoir des trous de mémoire.

Un homme qui passe en courant près de moi me prend dans ses bras et ma tête est allée cogner contre le coin de la porte de ma cabine. J'ai perdu connaissance. Je me souviens que tout était noir et que si j'avais eu des feutres, j'aurais tout colorié en vert. J'ai perdu connaissance, je le sais. Car lorsque j'ai repris mes esprits, j'étais dans une petite barque qui tanguait de tout les cotés à cause des grosses vagues. Dans la barque, il y avait un homme et une femme. Mais bientôt, il n'y eut plus que l'homme. Elle était sans doute tombée à l'eau. Je me suis dis que maman allait se facher si je n'allai pas au centre pour enfants autistes. Alors j'ai commencé à m'enerver et à taper partout. L'homme m'a crié dessus, mais ça ne m'importait pas. Alors il s'est levé et m'a frappé sur la tempe avec sa grosse main. Il a paniqué et glissé en arrière, et moi, j'ai perdu connaissance pour la deuxième fois de la soirée.

"Il n'est plus question de centre, mon gamin. Plus question de maman, plus question de rien du tout. Nous sommes perdus, échoués en plein milieu de je ne sais quel océan. Alors s'il te plait, n'essaye pas de nous rendre la tâche encore plus difficile. Au fait, je suppose que ceci est à toi ?" Le monsieur prit un objet sous son bras et me le tendit. Comme je venais tout juste de reprendre connaissance, il me fallut un peu de temps avant de reconnaitre la chose en question. ?"Oui. - Tu as de la chance, moi je n'ai plus rien. Dis, par hasard, tu n'aurais pas à manger ? A boire ? - Non. - Je suis sûr que si, mon garçon ! Ta maman a bien du te mettre un ou deux sandwiches pour le voyage, n'est-ce pas ? - Non. - Allons, ne sois pas timide, je ne suis pas un ogre, tu sais !"

Le monsieur avait un gros nez rouge. On aurait dit un clown. Il me rappelait maman. Si j'avais eu mon crayon vert, je l'aurais colorié, et on n'en aurait plus parlé. Mais je l'ai poussé. Très fort. Et il s'est noyé.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée sur la barque. Ca ne fait rien puisque je n'aime pas manger et que j'aime bien être tout seul. Je m'amuse beaucoup avec mes coloriages. Ca me suffit. Du calme et des coloriages. Et du vert. Et pas de rouge. La mer est redevenue bleu nuit comme dans mes cahiers. Le ciel aussi. Il y a des étoiles, mais je ne les connais pas. Je leur invente des noms. Dans mes dessins, les étoiles ont cinq branches. C'est plus joli que des petits points. Plus imposant. Plus royal.

En me réveillant de ma sieste, tout avait changé. La mer faisait de jolies vagues en serpentin, et les étoiles étaient de vraies explosion jaunes. Même les poissons étaient comme dans mes cahiers. C'est alors que j'ai aperçu une petite île au loin. Avec du sable jaune, des cocotiers touffus, un soleil en part de camembert et des nuages en chantilly.
J'ai posé le pied sur le sable brulant. J'ai marché jusqu'à un petit bosquet d'arbres et me suis arrêté pour apeller. L'ile était peut être habité et je voulais pas prendre de risques. L'ile paraissait plutôt grande et je décidai de l'explorer plus en profondeur. Mais je reportai ça à plus tard car je devais d'abord faire une sieste. J'étais très fatigué et bizarrement, je me sentais en sécurité ici. Plus en sécurité que je ne l'ai jamais été chez moi.

Je sortis de la barque tout ce qui pouvait m'être utile. Il n'y avait pas grand chose : Des bouteilles d'eau, mon sac à dos et un téléphone portable ; celui-ci avait du appartenir à l'homme qui était tombé à l'eau . Il était éteint et il fallait taper un code pour le démarrer. Je laissais tomber, ce n'était pas le plus urgent. J'avais froid et la nuit promettait de l'être encore plus. Il fallait que je fasse un feu.
Je me suis assis et entrepris de frotter un galet contre un autre. Comme j'avais vu à la télé. Mais aucune flamme ne s'éleva et après plusieurs tentatives qui se soldèrent par un échec, je me suis endormi. La dernière pensée que j'ai eu, c'était que je devais trouver un moyen d'allumer le portable pour avertir maman.
A mon réveil, il faisait nuit. J'étais secoué de frissons, la température avait considérablement baissé. La première chose que j'ai remarqué en ouvrant les yeux, c'était qu'ici les étoiles étaient plus nombreuses que partout ailleurs. La seconde, c'est que de grandes silouhettes me surplombaient et me regardaient sans bouger, à quelques mètres de moi. Ma maman m'a toujours dit de me méfier et de ne pas parler aux inconnus. Mais c'est débile, car quand je vais chercher le pain le matin, je dois bien parler au boulanger, qui est un inconnu. Une des grandes silhouettes s'est approché de moi. J'avais envie de crier, de hurler mais rien ne sortait. Alors je me suis roulé en boule, comme je fais toujours quand je sais que maman veut me punir. La grande silhouette s'est arrêté et m'a regardé un long moment. Je pouvais maintenant mieux la distinguer et je vis que ce n'était pas une silhouette humaine : Elle mesurait trois ou quatre mètres, avec de longues et fines pattes, des bras longs et fins, un crane allongé et fin. Tout était long et fin.

Je me rapellai de mes cours de biologie, quand on avait étudié les mantes religieuses, et c'était à ça que ressemblait la grande silhouette : Une mante religieuse de trois mètres. Je restais en boule par précaution, mais je ne me sentais pas en danger. Alors au bout d'un moment, je me suis levé et je l'ai regardé plus attentivement. Et là, j'ai encore crié, mais pas de peur cette fois : Elle n'avait pas de couleur. Ni blanche, ni noire, ni bleue, ni rouge, ni verte, ni même transparente. Elle était incolore. Je voulus m'approcher d'elle pour la toucher quand je me souvins de la présence des autres silhouette plus en arrière. Maman me disait toujours d'être très prudent. Ce n'est pas parce qu'elle n'était pas là que je devais lui désobéir. Alors je restai là, la tête levée vers son long visage de mante religieuse, sur une ile déserte, naufragé et perdu, sous une voute d'étoiles que je ne connaissais même pas, et parce que j'en avais envie, et parce que pour la première fois je devais me débrouiller tout seul, je me suis mis à rire, très fort, sans pouvoir m'arrêter.

C'est alors que l'une des grandes silhouettes posa une fine patte sur mon épaule. Je ne sais pas si c'était la faible lumière de la lune ou si c'était la fatigue, mais il me sembla voir sur son visage un long sourire se dessiner. Tout d'un coup, je pris peur, et je me rappelai vite pourquoi. Tous les hommes de leur espèces se faisaient inexorablement dévorer ou tout du moins exterminer.
A peine cette pensée me vint à l'esprit que la mante religieuse s'affola. Elle me fit de grands signes avec ses avant bras, signes de négation apparemment. Etaient-elles télépathes ? L'idée me plaisait, en tout cas. N'étant pas très bavard, cela me faciliterait la tâche.

Une autre silhouette, plus grande encore, se rapprocha du groupe, pour voir ce qu'il s'y passait. Lorsqu'elle m'aperçut, après de longues secondes car j'étais vraiment petit par rapport à elles, son visage sembla s'éclairer. Pourtant il n'était pas plus coloré ni plus vif. Je le savais, c'est tout. Visiblement, j'étais le bienvenu. Ces étranges personnages avaient beau être tout ce qu'il y a de plus étrange, je me sentais plus proche d'eux que de mes autres compatriotes humains. Je n'avais pas l'impression - épargnez-moi le jeu de mot - que l'on me prenait de haut. Comme si je ne pouvais pas comprendre.

Hélas, le voyage m'avait épuisé et je me suis écroulé de sommeil avant même d'avoir eu le temps de m'en rendre compte. Lorsque je me réveillai, j'étais une une hutte immense, mais très étroite, avec mon sac sur le ventre et une agréable odeur fruitée dans les narines. Une voix résonnait dans ma tête. Je crus d'abord que je n'étais pas encore bien réveillé, mais il s'avéra que cette voix provenait de la mante religieuse qui se tenait accroupie à mes côtés. Elle me demandait si j'avais faim. Je dis oui.

En sortant de la hutte, je vis le soleil qui se levait à l'est. Le ciel était d'une belle lumière orangée. J'étais au centre d'un village composé d'huttes grandes comme des maisons, constitués de pailles et de bambous. Au centre du village, un grand feu brulait ; des grandes silouhettes étaient assis tout autour et portaient à leur bouche des bols remplis d'aliments que je n'arrivai pas à identifier. Ils se servaient de leurs longs doigts éffilés avec habilité ce qui me rendait jalou ; maman ne me laissait jamais manger avec les doigts, ce qui était pour moi d'une sottise sans nom : Je ne craignais pas de les salir, sachant que je pouvais ensuite les laver avec du savon. Au lieu de faire la vaisselle et de nettoyer couteaux et fourchettes ( Il y a même des gens qui achetent super cher des Lave-Vaisselles, c'est dire), on avait qu'à passer nos doigts sous le robinet, et voilà tout.

La grande silouhette derrière moi, qui à la lueur du jour naissant ressemblait de plus en plus à une gigantesque mante religieuse, me poussa gentimment dans le dos pour m'inciter à avançer vers le grand feu. Lorsque je suis arrivé assez prêt des grandes silhouettes pour qu'elles remarquent ma présence, elles me souhaitèrent toutes la bienvenue télépathiquement ( ça ne pouvait être que ça, jamais je n'ai vu leurs bouches s'ouvrir ), et on m'invita à m'assoir à leurs cotés. Mon ventre grondait, ce qui était rare, et je m'empressai d'accepter l'invitation. Je ne ressentais aucune hostilité venant de leur part. Ce qui n'était pas le cas dans les " petites fêtes" que maman organisait chez nous : ses amis se sentaient immédiatement génés et dérangés par ma seule présence et maman me forçait à rester enfermé dans ma chambre ; toute la nuit durant, je les entendais hurler de rire et parfois même pleurer.

Une fois, une des amies de maman est entrée dans ma chambre alors que j'étais couché dans mon lit. Elle s'était allongé à coté de moi et je sentais son haleine sur ma nuque, une haleine qui puait l'alcool et le cannabis. Je me souviens qu'elle m'avait caressé les cheveux en ricanant doucement, moi faisant exprès de dormir, et elle, passant du rires aux larmes, pour finalement s'endormir en m'écrasant de tout son poid. Je n'avais que six ans à l'époque . Je me rapelle que le lendemain, je me suis réveillé dans une flaque de vomis séchée ; mais l'amie de ma mère n'était plus là. Je ne l'ai plus jamais revu. Lorsque j'ai demandé la raison à maman, elle m'a répondu : " Elle a honte de ce que tu as vu alors elle préfère t'éviter, tu comprend ?". Je n'ai rien répondu. Non, je ne comprenai pas. Elle avait honte de quoi au juste ? D'avoir bu et fumer ? D'être entrer dans ma chambre sans ma permission ? D'avoir vomi dans mon lit ? D'avoir pleurer à coté de moi ? De tout ça en même temps ? Les adultes sont bizarres. C'est vrai, pourquoi font-ils des choses dont ils savent qu'elles ne servent à rien, sinon se rendre honteux et ridicules ? Quand j'ai demandé à ma mère si je pouvais un jour gouter du " gin " ,elle m'a répondu que ce n'était pour les enfants. J'ai répondu :" Si c'est pas pour les enfants, alors ça devrait être pour personne."  Les gens ne devraient pas faire des choses qu'ils ont honte de faire devant des enfants.

Les grandes silouhettes mangeaient en silence tout en regardant le grand feu. Quant à moi, j'essayai d'identifier ce qu'il y avait dans mon bol : c'était des légumes qui ressemblait vaguement à des haricots verts à la différence que ceux ci étaient bleux ; ils baignaient dans un soupe sucrée-salée qui piquait un peu la langue mais qui n'était pas désagréable. En fait, j'adorai ça. Plus j'en mangeai et plus le goût s'adaptait à mon palet.

Pour la première fois de ma vie, je me surpris à redemander une ration, tendant mon bol vers la grande silhouette assise à ma droite. Moi qui faisait piquer des crises de nerf à maman car je ne voulais jamais finir un plat, voilà que j'étais devenu un véritable glouton. Plus tard, lorsque j'ai demandé la recette mentalement à la grande silhouette chez qui j'avais passé la nuit, elle me répondit dans ma tête qu'il n'y en avait pas. Que le gout était différent pour chaque palet et qu'il s'adaptait selon nos préférences. C'était tellement simple ici. Tout était tellement plus simple que chez moi. Je décidai d'apeller cette île merveilleuse : Simplicité.

Durant les mois qui ont suivis mon arrivée sur Simplicité, j'ai appris peu à peu à vivre comme les grandes silouhettes, à comprendre et aimer leur société dépourvue de toute sophisticité inutile. J'aime beaucoup être ici et je n'ai pas envie que l'on me retrouve. Peut être devrais-je laisser une bouteille à la mer où je dirai :" Je suis bien ici, je veux rester, bisoux maman, prend soin de toi." Ici, je peux colorier les arbres, le sable, les plantes, les oiseaux et les fleurs de toutes les couleurs que je veux ; ici, quand deux silhouettes veulent un enfant, elles n'ont qu'à le souhaiter ; ici, je ne suis pas un étranger, je suis moi ; ici, j'ai une famille, qui ne me vomira jamais dessus, qui ne me tournera jamais le dos.

Ici, je ne suis pas autiste, je suis Théo. C'est tellement plus...simple.

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14 juillet 2006

Chapitre 10 : Pomme. Les questions fusèrent dans

Chapitre 10 : Pomme.

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Les questions fusèrent dans l’esprit de nos jeunes camarades. Clémentine, encore une fois, fut la plus vive, et la première à prendre la parole.
    « Pomme ? C’est quoi ? Un parc d’attraction nouvelle génération ?
    _Hé mais je vous reconnais, vous ! Vous êtes le mystérieux prestidigitateur !
    _Une île déserte ? Une ville souterraine ?
    _Vous aviez le même chapeau, et puis..
    _C’est carrément dément ici ! Je sais pas comment vous avez fait, mais.. »
L’hippocampe leur adressa un sourire bienveillant, puis se tourna vers Maël.
    « Ils sont bien bavards, tes copains. Tu ne dois jamais réussir à en placer une, n’est-ce pas ? »
Puis, posant sa nageoire sur l’épaule du gamin, leva les yeux vers Félicie, qui, les bras croisés, le scrutait sévèrement.
    « Et toi, tu dois être Félicie.
  _Vous m’en direz tant. Vous feriez mieux de nous apprendre des choses que l’on ne sait pas encore, comme ce qu’on fait ici, comment on y a atterri, dans quel but, qu’est-ce que vous avez à faire avec toute cette histoire..
    _C’est toi qui lit dans les lignes, pas moi. C’est à toi de nous le dire. – répondit-il avec le même sourire bienveillant, qui commençait à agacer fortement notre amie.
    _Ecoutez, je n’apprécie pas vraiment qu’on se paye ma tête, alors..
    _Au contraire, je suis très sérieux. »
Son visage avait prit soudainement un air las, et il fit signe aux autres de s’asseoir ; ce qu’il allait leur annoncer les ferait tomber bien bas, sinon.
    « Je me présente, je suis le Roi du Royaume de Pomme. Pour répondre à ta question, ma chère Clémentine, Pomme est une contrée d’une toute autre galaxie, voire même d’une autre dimension. Elle ne figure sur aucune de vos cartes, pour plus de sécurité, mais ça, vous le comprendrez plus tard. Nous évitons par ailleurs de nous mêler à votre espèce, car nombreuses sont les maladies qui émanent de vos Êtres. Dont les pires, pour nous : l’ennui, la lâcheté, et toutes ces choses qui vous empêchent de rêver, si vous voyez ce que je veux dire.. »
Tous s’étaient reconnus dans la description que venait de faire l’étrange animal. Cependant, contrairement à ses amis qui étaient trop occupés à fixer le bout de leurs chaussures, Clémentine se leva et referma les poings sur ses hanches.
    « Alors pourquoi nous avoir fait venir ici ?
    _Rassis-toi, jeune fille, j’y viens. – dit-il dans un petit rire presque inaudible. »

22 juin 2006

Chapitre 9 : Réveil étrange. Au reveil, Félicie

Chapitre 9 : Réveil étrange.

hippo

                                  Au reveil, Félicie dut faire un enorme effort pour ne pas eclater de rire : Mael et Clémentine ecrasaient un Simon impassible dans son sommeil de plomb. Elle s'était tenu un peu en retrait par rapport au groupe, presque involontairement ; Elle observa pendant de longues secondes le visage des trois adolescents endormis et se surprit à sourire. Elle allait devoir compter avec eux dans cette aventure, et s'en sortir ensemble.
                                   Félicie trouvait Simon insouciant et parfois immature mais elle dénota chez lui une grande sensibilité qui ne demandait qu'à éclore. Elle le trouvait plutot charmant malgré un coté négligé un peu trop prononcé peut être. Mais ce qu'elle avait remarqué par dessus tout, c'était ses yeux : ils dévoraient chaque feuille, chaque nuage, chaque parcelle de paysage avec une voracité longtemps inassouvie.
                                Pour Mael, elle avait tout de suite craqué pour son visage de petit indien sauvage ; il avait un air innocent et fragile, et pourtant, ses gestes et ses regards appuyés et observateurs prouvaient qu'il devait avoir une grande force de caractère. Félicie savait qu'il ne fallait pas se fier à son jeune âge et ne pas sous estimer l'aide qu'il allait pouvoir leur apporter.
                                  Quant à Clémentine, c'était de loin la plus turbulente du groupe, mais Félicie la trouva très vite sympathique et devina chez elle une générosité sans faille et une naïveté qui n'était qu'apparente. C'était une fille qui avait la tête sur les épaules et dans les nuages en même temps et ça ne semblait pas la déranger. Félicie sentait qu'elle pouvait leur apporter une touche de folie non négligeable.
                                 Ses réflexions furent stoppées nettes par un bruit qui semblait se rapprocher de plus en plus.
                                 Clémentine se réveilla en baillant et se frottant les yeux :
                                 " C'est quoi ce bruit ? On dirait que ça vient vers nous.. Puis il y a pas un troll qui pourrait m'apporter mon petit dej' ? "
                               Simon ouvrit les yeux et resta un moment allongé sur le dos. Un sourire s'imprima bien vite sur son visage à la vue des Nuages Conteurs et du soleil bleu.
                                 " J'ai pas rêvé...J'ai pas rêvé bordel ! Clémentine tu m'écrases, lève tes fesses s'il te plaît et.....Et c'est quoi ce bruit ?"
                                 Il se leva d'un bond, envoyant valser un Mael encore sous le coup d'une dure nuit sans étoiles. Il leva un sourcil interrogateur à l'adresse de Félicie, qui répondit par un haussement d'épaules.
                               " Il faudrait se mettre à couvert, dit elle, on ne sait jamais, ça peut être dangereux."
                                  _ C'est vrai ça, s'exclama Simon en se grattant la nuque, on prend pas assez de précautions.
                                  _ Ouep il a raison, dit Clementine tout en baillant, allons nous poster derrière les arbres là bas."
                                  Mael courrut devant eux comme s'il partait en eclaireur et le reste du groupe le suivit en jetant des coups d'oeil par dessus leurs épaules.
                                Ils se postèrent chacun derrière un tronc d'arbre et firent place à un silence tout relatif : La faune et la flore locale semblait répéter pour un concert de musique.
                                " Et si on a pas envie que vous vous cachiez derrière nous ?"
                                C'était un arbre qui avait parlé, et d'un ton qui n'augurait rien de bon.
                                  " Vous nous avez demandé la permission d'abord ?"
                                 _ Heu ben en fait non , se risqua à dire Clémentine, mais c'est un cas d'extrême urgence. On es poursuivis par une horde de lutins maléfiques.
                               Félicie manqua de s'étrangler devant pareil mensonge et Simon se mordit les lèvres pour ne pas rire.
                                 " Vous êtes poursuivis dites vous , reprit un des arbres,  eh bien ce n'est pas notre problème. Nous, on s'écarte."
                                 En effet, ils se décalèrent comme s'ils avaient fais un pas de coté, laissant les quatres adolescents totalement à découvert.
                               A la surprise générale, Mael grimpa sur l'un des arbres récalcitrants et resta un moment la bouche collée aux feuilles violettes.
                                 Il redescendit quelques minutes plus tard, un air penaud et tranquille sur le visage.
                               " Hum bon, dit l'arbre, votre ami m'a persuadé de vous cacher pendant quelques temps..Mais vous devez savoir une chose : Ici à Pomme, personne ne poursuit jamais personne. "
                                Personne n'eut le temps de demander ce qu'était " Pomme" car un convoi de roulottes se présentait à l'horizon et fonçait droit vers eux. Un long, très long convoi, une véritable procession de petites caravanes en bois menés par des chevaux ailés d'un blanc étincellant, d'animaux étranges, d'habits bariolés et de rires d'enfants s'avançaient vers le groupe en cahotant.
Simon ne tint plus et sortit du couvert des arbres, suivit bientôt par Clémentine et Mael.
                               " Hey ! cria Félicie. Revenez ! On va se faire reperer !"
                               Mais peine perdu. Ils semblaient comme hypnotisés par ce qui semblait être un cirque ambulant.
                                Félicie abandonna toute sagesse et se dirigea elle aussi vers les roulottes.
                                 Le convoi freina progressivement en arrivant à leurs hauteurs.
                                 Le conducteur de la première roulotte, celle qui semblait guidée les autres, était un hyppocampe.
                                 Un hyppocampe.
                               De taille humaine.
                                 Félicie, Mael, Clementine et Simon se souvinrent en même temps : Le tour de magie dans le cirque avant qu'ils atterissent ici, c'était lui.
                               Ils prirent la parole tous en même temps et assaillirent l'étrange hyppocampe de questions.
                                 Celui ci lâcha les rênes de la roulotte, descendit en planant et se posta devant eux.
                               Il s'inclina cérémonieusement et dit d'une voix claire et puissante :
                                 " Bienvenue à Pomme, je vous attendais."

11 juin 2006

Chapitre 8 : Magie et Veillées nocturnes. Cette

Chapitre 8 : Magie et Veillées nocturnes.

feu

Cette nuit là, ils firent un feu de camp avec l'aide généreuse de Feux Follets qui passaient dans le coin.
Clementine était de loin la plus bavarde et s'extasiait de tout ce qui l'entourait, ses exclamations faisant naitre des sourires un peu partout ; Mael s'était allongé sur le dos, les mains calés derrière la tête, à la recherche d'une constellation connue, la mine songeuse mais surtout rêveuse ; Félicie et Simon s'entretenaient sur la marche à suivre du lendemain : ils étaient tombés d'accord pour dire que la soirée serait dédiée au repos et à la réflexion.
                            Et puis vint le moment fatidique des présentations, car il était clair qu'ils allaient devoir se serrer les coudes et rester grouper.
                            Ce fut Clementine qui se lança la première :
                             " Je m'apelle Clementine et je ne sais pas trop ce que je peux vous dire sur moi..Si ce n'est que j'ai un petit problème avec le temps, c'est le moins qu'on puisse dire. Je suis continuellement décalée, déphasée, en retard, en avance...Je crois que le temps me fuit, je suis pas son genre à mon avis. J'aime rire à m'en étouffer, je pratique la danse moderne depuis que je suis toute petite...Je me considère comme quelqu'un de sociable et de généreuse. Voilà...Ah et je suis rousse ! Ce qui est fait de moi une sorcière pour la moitié de la Terre, ce que je trouve suprêmement drôle...A vous !"
                            La bonne humeur de Clémentine semblait être communicative car ils semblaient tous maintenant détendus et attentifs.
                            Simon prit la parole d'une voix basse, presque un chuchotement.
¨                           " Je ne sais pas si je suis sociable ou même sympa...Je pense que je suis quelqu'un de terriblement banal, comme on voit dans tout les coins de rue. Je travaille dans un supermarché et passe mon temps à broyer du noir. Je passe mon temps libre à photographier tout ce qui bouge, à peindre, dessiner..J'aurai aimé en faire mon métier. Je crois que j'ai secrètement toujours rêver d'un endroit comme celui ci, enfin..Vous l'aurez deviné à ma réaction heu excessive de toute à l'heure. Je me considère comme un rêveur insatisfait ou un lache si vous préférez..."
                           Cette fois ci, une certaine tension s'était abattu sur le groupe, et Félicie laissa passer quelques minutes avant de prendre la parole :
                           " Quant à moi, je gagne modestement ma vie dans un pub comme barmaid. Je suis assez solitaire mais pas à l'excès, j'aime juste avoir mon espace à moi enfin..Voilà. Mes parents étaient forains et ma mère m'a donné le gout de la divination et de la cartomancie. J'évite la plupart du temps de le dire à cause de certains regards mais je crois qu'ici la magie est omniprésente et que ce n'est pas quelque chose que j'aurai à cacher. Enfin je pense..Je crois qu'on a fait le tour de ma personne. Et toi Mael, qu'est ce que tu peux nous apprendre sur toi ?"
                           Mael, qui s'était redressé et les avait écouter avec une extrême attention, resta un moment les yeux fixé sur le feu devant lui. Les flammes dansaient au rythme d' un léger vent et s'imprimaient sur les prunelles du petit garçon, donnant une lueur rougeâtre à son regard.
                           Personne ne le pressait, hypnotisés par son regard profond et le mystère qui se dégageait de ce petit corps frêle.
                            Il s'accroupit sur le sol et traça du doigt quelques mots éclairés par la lueur des étoiles.
                           Je m'apelle Mael et je me sens heureux ici, avec vous.
                            Félicie se rapprocha de lui et passa un bras autour de ses épaules.
                            " J'ai une question pour tout le monde...Pourquoi étiez vous au cirque ? Enfin je veux dire, moi c'est évident étant fille de forains et tout ça..Mais vous ?"
                           _ J'étais venu prendre quelques photos pour une exposition que je travaille depuis longtemps mais que je désespère de finir un jour faute de temps..Puis par paresse aussi. Et..J'adore cet univers, je le trouve haut en couleurs, magique, surréaliste..
                            _ Moi c'est parce que je rêve de devenir trapéziste, le coupa Clémentine. J'aime la voltige, les hauteurs, la grâce des mouvements et puis l'adrénaline que ça doit procurer. Ca me plait. J'aimerai tellement voler, vous savez, comme dans les rêves...
                            Toutes les têtes se tournèrent alors vers Mael qui écrivit sur le sol :
                             J'accompagnais mes parents et j'aime écrire des histoires de magie alors le cirque j'aime énormement beaucoup.
                            " Je crois qu'on était tous à ce cirque pour la même raison, dit Félicie, songeuse."
                             Personne ne demanda laquelle.
                            Ils savaient.
                            La Magie..

6 juin 2006

Chapitre 6 : Zigzags et serpentins. Simon ne

Chapitre 6 : Zigzags et serpentins.

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              Simon ne rêvait pas. Il se trouvait bien dans un lac sous un ciel bleu éclatant, entouré de cygnes bavards à deux têtes. Il se laissa flotter sur le dos pendant de longues secondes, les bras ecartés, une expression de béatitude complète sur la figure.
                " Je suis dans un livre..Je suis dans un livre."
              Il eclata de rire et s'avisa enfin de la présence de Félicie et Mael sur la rive.
              Il sortit de l'eau trempé jusqu'aux os, mais c'était là le moindre de ses soucis.
              " Vous...Mais je vous reconnais ! Vous etiez dans le cirque de ce soir ! Juste devant moi !"
               _ Je m'apelle Félicie, et voici Mael. Il faudrait que l'on parle de tout ça...Ce n'est pas que j'aime pas l'endroit mais tout ça ...m'intrigue légèrement. Donc si tu as le moindre indice qui pourrait nous..
               Simon tourna sur lui même pour scruter minutieusement les environs en plissant les yeux.
              _ Moi c'est Simon. Non je ne sais pas où nous sommes mais ça me plait, donc peu m' importe le nom ou les circonstances qui m'ont fait atterrir ici.
              _ Heu super pour toi mais moi j'ai un travail et une famille _ qui me déteste _ mais une famille quand même. Et des amis aussi, accessoirement.
              Mael les laissa se chamailler un moment et leva les yeux vers le ciel. Il se sentait perdu sous ce ciel qu'il ne connaissait pas. Aucune de ses amies étoiles n'étaient visibles là haut. Ce n'était pas son ciel. Ce n'était pas son monde. Il était partagé entre l'envie d'éclater en sanglot et celle de se réjouir de toutes les merveilles qu'offraient le paysage : Un phoénix passa près de lui, laissant une trainée de fumée argentée sur son passage ; Un cerf et un crocodile se tenaient debout et semblaient discuter de choses profondément philosophiques ; à l'horizon, un arc-en-ciel servait de pont à une horde de trolls en costume trois pièce ; là haut sur un arbre....
               Mael tira sur la manche de Félicie.
             _ Et laisse moi te dire que ce n'est pas en restant plantés ici qu'on pourra...Hein quoi ? Qu'est ce qu'il y a Mael ?
              _ On dirait qu'il a vu quelque chose là bas, dit Simon. Allons voir.
Mael les mena à un arbre et désigna une des plus hautes branches.
Félicie et Simon mirent leur main en visière mais le soleil bleu était vraiment éblouissant.
" Oui bon, vous attendez quoi pour me descendre de là ? Je vais tomber !"
La voix venait de l'arbre. Une voix de fille.
" Bougez vous ! Restez pas plantés là ! Allez chercher une corde ou quelque chose !"
Magnanimes, des nuages masquèrement momentanément le soleil pour leur permettre de ne plus être éblouis. Simon chuchota un "merci" et discerna enfin les formes d'une jeune fille rousse qui devait avoir à peu près son age.
Félicie la reconnut de suite : elle était assise juste à coté d'elle sous le chapiteau.
" On va chercher quelque chose pour te descendre, cria Félicie, on revient !"
Puis plus bas à l'adresse des deux garçons :
_ Ouai et maintenant, on fait quoi ?
_ On devrait trouver de l'aide ici, déclara un Simon confiant, les mains dans les poches. Tiens on a qu'à demander aux serpents.
Félicie poussa un cri et fit un bond en arrière. Mael se positionna derrière elle, les yeux agrandis par la panique.
Trois serpents de cinq mètres de long volaient en faisant des zigzags et semblaient amusés par la réaction de Félicie et Mael.
" Hey, n'ayez pas peur, on va pas vous manger....On a plus faim."
Ce qui fit beaucoup rire ses deux compagnons.
Mais pas Félicie et Mael qui reculèrent encore plus.
Simon fit mine de s'approcher d'eux mais Félicie le retint par le bras.
" Tu es fou ? Ils vont te gober tout cru !
_ Mais non. Pas ici.
Il s'entretint à voix basse avec les serpents volants pendants quelques minutes et revint vers Félicie et Mael, un grand sourire planté sur le visage.
" C'est réglé, ils vont nous aider."
A peine avait-il terminé sa phrase que les serpents volants se lièrent pour former une grande corde reptillienne.
La jeune fille rousse sur l'arbre se laissa glisser jusqu'au sol, s'épousseta les vêtements, regarda un moment autour d'elle et déclara :
" Eh bien ! Moi qui adore le trapeze ! "
Remarquant le regard intrigué des trois jeunes gens, elle ajouta :
" Ahem, heu ok, Moi c'est Clémentine, enchanté. Et si on bouffait maintenant ?"

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1 juin 2006

Chapitre 6 : Ayeur. " Mais..Où suis

Chapitre 6 : Ayeur.

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" Mais..Où suis je..."
                                         Félicie se redressa tant bien que mal, une douleur aigue lui vrillait le bas du dos.
                                         Elle se souvenait de pas grand chose : Le cirque, les tours de magie et puis...Un trou noir.
                                          Et une chute.
                                          Elle fit un tour d'horizon du regard : Elle se trouvait au pied d'un grand arbre aux feuilles violacées ; il portait des fruits qu'elle ne reconnaissait pas, de forme triangulaires. En face d'elle, un vaste lac scintillait sous un soleil bleu ; d'étranges cygnes dorés à deux têtes battaient des ailes en psalmodiant des mélodies en prose.
                                          " Nénuphars enfarinés !
                                           Drôles de trône !
                                            Grenouilles agenouillées !
                                          Crapauds crapahutés ! "

                                            " Ou est-ce que ..."
                                          Félicie se frotta les yeux, une fois, deux fois. Reporta son regard vers le ciel. Mais ce qu'elle vit ne la reconforta pas sur sa santé mentale. Bien au contraire : Les nuages formaient une fresque celeste, comme des hieroglyphes sur les murs d'un tombeau egyptien. Elle reconnut là un dragon, ici un archer, et encore là une magicienne qui brandissait un grand bâton. Comme si...
                                           Comme si ils racontaient une histoire.
                                            Elle se releva d'un bond et resta ainsi sur place pendant de longues secondes, tétanisée.
                                           " Réfléchis Félicie...C'est sûrement un rêve, tu va te réveiller..Si seulement cette douleur au bas du dos n'était pas si réelle.."
                                           Alors qu'elle avait pris la folle décision de demander son chemin aux cygnes dorés, un jeune garçon aux longs cheveux noirs sortit de sous les frondaisons de la forêt touffue qui lui tournait le dos.
                                           " Il me semble l'avoir déjà vu.."
                                            Son premier reflexe fut de faire un pas vers lui, puis elle se ravisa. Peut être que ses intentions n'étaient pas pacifiques malgré son apparence inoffensive.
                                          Pourtant, elle devina a son air abasourdi et désorienté qu'il était aussi perdu qu'elle.
                                            " Tu...étais au cirque...Non ?"
                                           Il devait avoir une dizaine d'années et était habillé d'un pantalon large et d'un t-shirt ample qui lui descendait presque aux genoux.
                                           En outre, aucune arme n'était visible.
                                            Félicie s'approcha de lui en tendant les mains, comme pour l'apaiser.
                                            " Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire de mal..Je veux juste savoir si tu saurais où.."
                                            Il secoua la tête en haussant les épaules, ses yeux exprimant une crainte mélée de curiosité.
                                            Et ce n'est qu'à ce moment que Félicie prit vraiment conscience de tout ce qui l'entourait : Des couleurs comme s'il en pleuvait, des chansons qui fusaient de partout, des gnomes, des fées, des lutins se balançaient d'arbres en arbres, les cygnes dorés , le soleil bleu, les nuages conteurs d'histoires...
                                            Un grand, un énorme sourire s'afficha en grand sur le visage de la jeune fille.
                                            Elle pressentait que tout ça n'était que le début.
                                            " Non en fait..Ne me dis pas. Ne me dis rien. Je crois que..Je crois que je veux le découvrir toute seule."
                                            Le jeune garçon fronça les sourcils, doutant subitement de la santé mentale de Félicie puis décida qu'un sourire s'imposait.
                                          Félicie ne le connaissait pas, mais son sixème sens qui lui ouvrait parfois les portes de l'avenir lui souffla à l'oreille que cet enfant était spécial.
                                            " Tu t'apelles comment ?"
                                           Il prit une branche qui pendait mollement et commença à tracer méticuleusement des lettres sur le sol.
                                            " M...A...E...L....Mael. Tu t'apelles Mael ?"
                                            L'enfant hocha la tête et pointa un doigt vers son torse.
                                            Félicie devina qu'il devait être muet. Elle l'apprécia d'autant plus, elle n'aurait su dire pourquoi.
                                            " Ne t'inquietes pas, n'aie pas peur, je vais prendre soin de toi. "
                                            A peine avait elle terminée sa phrase qu'un cri s'éleva sur sa gauche.
                                            " Youuuuuuuhouuuuuuuuu!!!!!!!!!!"
                                          Félicie et Mael virent un jeune homme se jeter dans le lac en battant des bras et en poussant des hurlements de joies.
                                            Les cygnes dorés montrèrent leur mécontentement en le houspillant bruyament :

                                           " Jeune sans gêne !"
                                              Fou cafouilleur !"

                                           Mais le jeune homme n'en fut pas demoralisé pour autant et continuait à eclabousser les cygnes dorés de ses gestes desordonnés.

29 mai 2006

Chapitre 5 : Maël. Mael parlait aux

Chapitre 5 : Maël.

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Mael parlait aux étoiles.
Sirius B : l'étoile jumelle de Sirius A, celle qui illumine avec le plus grand éclat notre voûte celeste. Les Dogons, peuple du Mali, connaissent depuis toujours son existence, elle joue un rôle centrale dans leur mythologie complexe..Pourtant Sirius B est invisible à l'oeil nu. Les scientifiques n'ont jamais résolus ce mystère. Sirius B est une amie intime de Mael. Ils passaient des heures à bavarder des derniers potins galactiques.
Aldébaran : l'étoile la plus brillante dans la constellation du Taureau et la quatorzienne plus brillante du ciel. C'est une étoile de type spectral K,  de l'amas des Hyades, distante de soixante années lumière ; connue aussi pour être une géante de trois fois la masse solaire, mais pour Mael c'était sa petite soeur, à qui il donnait des conseils et qu'il reconfortait quand elle avait des coups de blues.
Canopus : Seconde étoile la plus brillante du ciel et de la constellation de la Carène, c'est une supergéante de type F, distante d'une centaine d'années lumière. La constellation de la Carène ést invisible en France, mais pas pour Mael. Canopus était sa confidente, celle à qui il racontait toutes ses peines et appréhensions.
Parce qu'il était muet, Mael s'était inventé un langage de l'esprit, une manière de voir au delà des cieux et de communiquer avec ce qui est hors de portée des humains.
Mais personne ne le saura sans doute jamais.
Mael ecrivait sans cesse, remplissant des cahiers entiers de contes de fée, deversant des tonnes de mots comme s'il ne supportait pas la vue d'une page vierge.
   A seulement onze ans, Mael avait déjà la mélancholie ancrée dans chacun de ses gestes.
Il suivait des cours par correspondance ce qui, indirectement, le renfermait dans sa chambre pendant des heures interminables.
La chambre de Mael était le repère privilégié des légendes et des créatures chimériques : posters, illustrations et peintures venaient nourrir les murs d'une saveur mythologique qui berçaient ses nuits.
C'était un petit garçon muet et renfermé mais il comptait bien un jour devenir un écrivain à succès et ainsi devenir la fierté des constellations de toute la Voie Lactée.
   " Mael, c'est maman, on va au cirque ce soir, prépare toi. "
   Mael embrassa les branches de ses amies lointaines et prit le chemin de la salle de bain.

28 mai 2006

Chapitre 4 : Clémentine. Clémentine venait à

Chapitre 4 : Clémentine.

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Clémentine venait à peine d'avoir dix-neuf ans, elle était étudiante dans une école de danse. Ses parents n'ayant jamais accepté son choix, il y a bien longtemps qu'elle avait oublié leur existence.
Clémentine était une fille pleine de projets, mais elle avait rarement le temps. Ou alors c'était le temps qui ne voulait pas d'elle. Toujours est-il que l'un dans l'autre, c'était une fille très étrange.
Clémentine était une lunatique de la montre. Si un jour vous la voyiez à peine passer, l'autre elle se levait à peine de son lit.
Son plus grand rêve était de pouvoir contrôler le temps à sa guise, d'y trouver une juste mesure. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était ce principe stupide selon lequel les bons moments défilaient à une allure impressionnante tandis que l'ennui semblait s'allonger terriblement, forçant les aiguilles à tourner à l'envers.
Mis à part ses quelques différends temporels, Clémentine était une fille plutôt calme et sympathique, elle était entourée d'un nombre d'amis se situant entre beaucoup et plus. Ses études la passionnaient, et elle rêvait toujours de plus, plus haut, de s'élever au sommet.
C'est pourquoi Clémentine admirait tant les trapézistes, et pour cette même raison qu'elle avait décidé d'assister à la représentation de cirque qui se déroulait ce soir même à quelques pas de chez elle.

26 mai 2006

Chapitre 3 : Simon. " Bonjour" Biiiiip

Chapitre 3 : Simon.

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" Bonjour"
Biiiiip une boîte de sardine, biiiiiip un paquet de chips.
Tenir une caisse à Auchan pouvait vous dégouter du moindre son un peu trop aigu.
Biiiiip une bouteille de vin, biiiiip un shampoing deux en un.
Simon leva les yeux vers la dame élégante et au sourire de circonstance. Elle devait s'apeller Monique ou Patricia, travailler dans un cabinet de comptabilité et faire ses courses une fois par mois.
Dans l'imagination de Simon, elle devint une Haute-Magicienne dans la cour d'un roi immortel et tout puissant.
" 143 € , s'il vous plaît "
Il jeta un oeil sur les clients qui se pressaient pour payer leurs courses et retint un soupir malvenu.
Il aurait voulu être à Fantasia auprès de la Petite Impératrice, voler à dos de dragon blanc, partir à la recherche d'un talisman secret..A la place il arborait la chemise et la cravate des employés d'Auchan.
Simon n'avait que vingt ans et déjà l'amertume au fond de la gorge. Chaque jour se déroulait de la même manière, la monotonie écrasant son quotidien d'un poid de plus en plus lourd.
Les cheveux en bataille, une barbe mal entretenue, Simon n'avait pas vraiment le profil pour être caissier dans un grand supermarché.
Mais c'était ça ou..
Ou quoi ?
Simon était sans cesse tirailler entre l'envie d' oser entretenir ses rêves d'aventures et de liberté et celle de choisir la facilité.
Il avait choisit la facilité en acceptant un travail modeste et fonctionnel qui lui permettait de payer son loyer et ses autres charges.
Il participait parfois à des ateliers de photographie, sans grand espoir néanmoins.
Car Simon rêvait de devenir un grand reporter, un photographe de renom, mais il y consacrait paradoxalement très peu de temps.
Entre des parents divorçés et des amis plus imaginaires que bien réels, Simon vivait sa solitude comme une tare dont il n'arrivait pas à se détacher.
Locataire d'un studio en centre-ville, il passait ses soirées à dévorer livres et dvds, à prendre en photo tout ce qui passait sous ses yeux, en pensant à ce que pourrait être sa vie si seulement il n'était pas aussi..
Lache ?
L'incapacité à réaliser ses rêves ne peut se traduire par des tonnes de mots.
La lacheté, la solitude et une certaine forme de paresse courbaient le dos de Simon et voguer sur un fleuve de mélancholie.
Simon sortait peu mais ce soir il y avait un cirque en ville.
Les lumières du supermarchés s'éteignirent une à une.
Les rideaux de fer s'abaissèrent pour faire place à la pénombre.
Simon démarra sa mobylette et partit en trombe en direction du cirque.

25 mai 2006

Chapitre 2 : Félicie. Un client venait de lui

Chapitre 2 : Félicie.

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Un client venait de lui passer une commande, mais la musique était trop forte pour que Félicie y prête attention. Être barmaid dans une boîte de nuit, ça n'était pas de tout repos, entre le bruit, les décolletés pailletés, les dégueulis d'alcool sur le rebord du comptoir et les cheveux plaqués.
Félicie n'avait strictement rien à voir avec ces gens-là, elle en était même devenue totalement asociale.. Mais elle n'avait trouvé que ça pour compenser les refus des éditeurs. Oui, car en dehors de néons, Félicie était aussi cartomancienne et illustratrice de contes pour enfants.
Hélas, ces deux activités étant pour la plupart du temps considérées comme futiles et dérisoires, le peu d'argent qu'elle en récoltait ne lui permettait pas de vivre convenablement. Pourtant Félicie excellait dans l'art de lire les cartes, c'est d'ailleurs ce qui lui donnait cet air si triste et désespéré.
En effet, lorsque quelques rares personnes tombaient sur des reines ensanglantés, des rois conquérants, des valets suspects, des jokers rieurs.. elle, loin de tout, soulève des misères de coeur, et se contente de se tenir à carreau pour ne pas se piquer au présent, qui, un jour, décida qu'elle ne méritait pas cet avenir alléchant dont elle rêvait tant.
"Mademoiselle ! Une bière, s'il vous plaît, ça fait trois minutes que je vous la demande !"
Félicie sortit enfin de ses rêveries et appuya sur le levier, pour faire couler le jus jaunâtre et mousseux dans le gobelet en plastique, puis, au moment où le jeune homme avança sa main, elle la prit dans la sienne précipitamment et se mit à lire dans ses lignes. Rien. Que du néant routinier à mourir d'ennui. Finalement, elle n'était pas la seule, c'était bien là la seule chose rassurante.
Et c'était comme ça tous les jours.
Sauf aujourd'hui.
On était jeudi et c'était le jour de congé de Félicie. Cela tombait plutôt bien, car ce soir, juste en bas de chez elle, un cirque allait ouvrir ses portes.

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