Chapitre 3 : Simon. " Bonjour" Biiiiip
" Bonjour"
Biiiiip une boîte de sardine, biiiiiip un paquet de chips.
Tenir une caisse à Auchan pouvait vous dégouter du moindre son un peu trop aigu.
Biiiiip une bouteille de vin, biiiiip un shampoing deux en un.
Simon
leva les yeux vers la dame élégante et au sourire de circonstance. Elle
devait s'apeller Monique ou Patricia, travailler dans un cabinet de
comptabilité et faire ses courses une fois par mois.
Dans l'imagination de Simon, elle devint une Haute-Magicienne dans la cour d'un roi immortel et tout puissant.
" 143 € , s'il vous plaît "
Il jeta un oeil sur les clients qui se pressaient pour payer leurs courses et retint un soupir malvenu.
Il
aurait voulu être à Fantasia auprès de la Petite Impératrice, voler à
dos de dragon blanc, partir à la recherche d'un talisman secret..A la
place il arborait la chemise et la cravate des employés d'Auchan.
Simon
n'avait que vingt ans et déjà l'amertume au fond de la gorge. Chaque
jour se déroulait de la même manière, la monotonie écrasant son
quotidien d'un poid de plus en plus lourd.
Les cheveux en bataille,
une barbe mal entretenue, Simon n'avait pas vraiment le profil pour
être caissier dans un grand supermarché.
Mais c'était ça ou..
Ou quoi ?
Simon
était sans cesse tirailler entre l'envie d' oser entretenir ses rêves
d'aventures et de liberté et celle de choisir la facilité.
Il avait
choisit la facilité en acceptant un travail modeste et fonctionnel qui
lui permettait de payer son loyer et ses autres charges.
Il participait parfois à des ateliers de photographie, sans grand espoir néanmoins.
Car Simon rêvait de devenir un grand reporter, un photographe de renom, mais il y consacrait paradoxalement très peu de temps.
Entre
des parents divorçés et des amis plus imaginaires que bien réels, Simon
vivait sa solitude comme une tare dont il n'arrivait pas à se détacher.
Locataire
d'un studio en centre-ville, il passait ses soirées à dévorer livres et
dvds, à prendre en photo tout ce qui passait sous ses yeux, en pensant
à ce que pourrait être sa vie si seulement il n'était pas aussi..
Lache ?
L'incapacité à réaliser ses rêves ne peut se traduire par des tonnes de mots.
La lacheté, la solitude et une certaine forme de paresse courbaient le dos de Simon et voguer sur un fleuve de mélancholie.
Simon sortait peu mais ce soir il y avait un cirque en ville.
Les lumières du supermarchés s'éteignirent une à une.
Les rideaux de fer s'abaissèrent pour faire place à la pénombre.
Simon démarra sa mobylette et partit en trombe en direction du cirque.